Prisonniers et exilés politiques catalans: une question universelle




Le 12 février, j'ai renouvelé ma souscription à Vilaweb, qui accompagne ma catalanité depuis vint ans, et ce jour-là a été aussi celui du commencement du jugement des prisonniers politiques catalans. Une nouvelle péripétie du conflit entre les nations espagnole et catalane, diriez-vous?

Je crois que non. Je crois qu'il s'agit de quelque chose d'autre. Je crois que c'est plus que la question de savoir qui a rason, l'Espagne ou la Catalogne. Je n'ai jamais caché mon soutien à une république occitanocatalane de Catalogne et Aran, mais non, ce n'est pas une question limitée à la péninsule Ibérique. C'est une question universelle.

Tout un gouvernement démocratiquement élu, avec quelques parlementaires convoqués, se trouve devant la justice. Et pour quel horrible crime? Avoir exercé le droit à l'autodétermination, non pas avec une force armée, non pas en mentant aux électeurs, non pas en manipulant des résultats électoraux ou en cédant à des puissances étrangères avides d'expansion territoriale. Non: en faisant voter leur peuple, qui en outre l'avait demandé plusieurs fois, par des manifestations massives, par son vote à des élections catalanes, par une consultation qui préfigurait le référendum de 2017.

Nous assistons donc au jugement de tout un peuple qui veut être libre, sans violence et en respectant le peuple de l'État qui lui nie sa liberté. Et nous le permettons, dans une Europe qui appelait Puigdemont au dialogue en octobre 2017 pour laisser plus de temps à l'Espagne de préparer sa vengeance. Quel message nous disent l'Espagne et les États qui se taisent face à sa politique?

Que l'on ne peut plus toucher aux frontières? Cela serait compréhensible s'il s'agissait de ne plus revenir aux nombreuses guerres qui ont déchiré notre continent. Ou que dorénavant les peuples ne pourront plus se délivrer des États qui les enferment? J'ai peur que telle soit la leçon cynique de ce que nous voyons au sud de l'Occitanie: "Peuples, vous serez les prisonniers des États pour toujours!". En Corse aussi la liberté paraît maintenant impossible: une majorité de citoyens ont voté pour une coalition souverainiste qui proposait à la France una autonomie et une politique linguistique; mais la France fait comme si les Corses n'avaient jamais voté pour ce programme. Madrid et Paris exigent le silence des Catalans et des Corses.

Si donc maintenant ladite démocratie se résume au respect de la coloration politique du pouvoir central, et non pas du pouvoir populaire, que reste-t-il aux peuples pour être libres? L'insurrection armée? La complicité d'autres États, avec le risque qu'éclatent très bientôt de nouvelles guerres? Ou l'abandon de toute volonté de libération? La résignation à un ordre figé, même s'il semble injuste?

Si nous laissons l'Espagne enfermer les prisonniers politiques catalans, ceux-ci ne seront pas les seuls enfermés. Ce ne sera pas seulement la Catalogne qui sera enfermé. C'est nous qui risquons de nous laisser enfermer. C'est pourquoi je veux crier: "Liberté à tous les peuples, liberté pour nous, liberté pour vous!".


Gerard Joan Barceló


Article traduit de l'occitan: version originale publiée dans Jornalet ici.

Comentaris

Entrades populars d'aquest blog

Manifèst de sosten a Mireia Boya